Le 20 novembre 2024 marque la célébration de la Journée mondiale des droits de l’enfant, commémorant l’adoption de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) par les Nations Unies. Cet événement est l’occasion pour EUROCEF de réfléchir aux défis à venir pour 2025, à la lumière de l’investiture prochaine du nouveau Président des États-Unis et des évolutions internationales.
Depuis l’annonce des résultats des élections américaines, la seconde investiture du Président Donald Trump, prévue le lundi 20 janvier 2025, suscite de vives inquiétudes en Europe comme au sein d’EUROCEF. Ces préoccupations concernent particulièrement la situation des enfants migrants, celle des enfants ukrainiens, ainsi que les conséquences des conflits israélo-palestiniens. Plus largement, l’avenir des relations transatlantiques avec l’Europe semble à nouveau menacé, fragilisant l’effort de la solidarité internationale visant à garantir protection, soins et soutien aux enfants et aux familles vulnérables
Enfants migrants : des politiques alarmantes
Parmi les principales promesses électorales du Président Donald Trump figure l’expulsion massive de millions de migrants dès son investiture. Lors de son premier mandat, près de 4 000 mineurs avaient été séparés de leurs parents dans le cadre de la politique de « tolérance zéro ». Bien que l’administration Biden ait travaillé à réunir les familles séparées, 542 enfants n’ont jamais retrouvé leurs parents, dont 60 étaient âgés de moins de 5 ans au moment des faits.
Malgré un accord signé en octobre 2023, interdisant de telles pratiques dans les 8 prochaines années, les nouvelles annonces du Président Donald Trump suscitent l’inquiétude voire la peur. Selon CNN et le New York Times, les familles et les communautés concernées redoutent les raids et les enlèvements de l’armée dans les écoles, les lieux de travail et les habitations. Une répression massive augmenterait le risque de traumatismes profonds pour des milliers de familles et d’enfants.
Ukraine : quel avenir pour les enfants ?
Dès son investiture, le Président Donald Trump prévoit de négocier l’instauration d’un plan de paix incluant un gel des positions, des zones tampons et la non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Cependant, ce projet semble ignorer les quelque 20 000 enfants ukrainiens déportés en Russie. Cette campagne de déportation initiée par la Russie lors de l’annexion de la Crimée en 2014, se poursuit malgré la mobilisation internationale et la saisie de la Cours pénale internationale. Ces enfants, arrachés à leurs familles, sont envoyés de force dans des camps ou placés dans des familles russes, où ils subissent des formations militaires[1].
Le désengagement des États-Unis pourrait également entraîner une baisse significative de l’aide humanitaire. Depuis février 2022, 3,2 milliards de dollars ont été consacrés à l’aide humanitaire en Ukraine, faisant des États-Unis le plus important donateur. Les conséquences du retrait des États-Unis risqueraient d’être dramatiques, malgré l’importante contribution du Conseil de l’Europe et des OING sur le terrain. Cette aide comprend une assistance éducative aux enfants et aux familles, des soins de santé, l’accès à l’eau et à la nourriture, l’envoi de matériel. Cela concerne plus de 14,6 millions de personnes dans le besoin, sans compter les 3,5 millions de personnes déplacées dans différents pays d’Europe[2].
Un contexte mondial préoccupant
En Europe, une tendance inquiétante se dessine : plusieurs pays, dont la France, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Finlande et la Suède, envisagent de réduire les aides destinées au développement des pays en situation de pauvreté[3]. Selon Coordination Sud, cette décision pourrait priver 17 millions d’enfants dans le monde de soutien scolaire. Une décision qui ne demeure pas sans conséquence pour les 75 pays les plus pauvres, qui s’enfoncent dans la crise et le surendettement suite à la pandémie du Covid-19.
Par ailleurs, le conflit israélo-palestinien a un impact dramatique. Selon l’UNICEF, en Israël, plus de 5 700 personnes ont été blessées, 1 200 tuées, dont 37 enfants. 101 personnes sont détenues en otage, dont 2 enfants. Dans la bande de Gaza, plus de 43 665 personnes ont perdu la vie, dont 14 100 enfants, et plus de 35 000 enfants ont été blessés. Ces chiffres témoignent de l’urgence humanitaire dans la région, exacerbée par un conflit qui s’étend.
Renforcer la solidarité internationale
Face à l’augmentation des tensions, des conflits et de la pauvreté, une tendance au repli protectionniste se manifeste, tant aux États-Unis qu’en Europe. L’année 2025 s’annonce cruciale pour freiner cette tendance et renforcer la solidarité internationale.
Depuis de nombreuses années, EUROCEF agit auprès du Conseil de l’Europe et sur le terrain pour défendre les droits des enfants. Nous apportons notre expertise à de nombreux comités européens concernant la protection des mineurs migrants, l’inclusion par l’éducation, ainsi que les droits sociaux. Nous participons à la rédaction de recommandations à l’intention des États européens, toujours dans l’intérêt des enfants et des familles d’Europe.
Dans le cadre de son engagement, EUROCEF travaille avec des universités et des associations pour approfondir ses connaissances dans ces domaines et former les professionnels en travail social. Nous avons également soutenu une association d’aide aux enfants ukrainiens déplacés et mené une mobilisation contre la suppression des jardins d’enfants en France, aboutissant à l’obtention de la loi du 2 avril 2024.
En cette Journée mondiale des droits de l’enfant, EUROCEF appelle les États européens à renforcer leurs engagements envers les programmes d’aide humanitaire et du travail social. Nous demandons également des réponses coordonnées pour garantir la protection des enfants et des familles à travers des politiques conformes à la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) et dans le respect de la Charte sociale européenne révisée.
EUROCEF
Qui sommes-nous ? EUROCEF est l’acronyme du Comité européen d’action spécialisée pour les enfants et les familles dans leur environnement de vie. Organisation Internationale non gouvernementale (OING), EUROCEF a été créée en 1988. Dotée du statut participatif auprès du Conseil de l’Europe, elle contribue activement aux travaux relatifs à l’éducation et à l’action sociale en Europe. Elle défend et promeut les droits des enfants et des familles. Elle apporte une expertise internationale aux instances politiques nationales et européennes.
Chaque action compte. Rejoignez EUROCEF pour apporter votre expertise professionnelle et contribuer à défendre les droits des enfants en Europe.
Pour nous contacter :contact@eurocef.eu
- [1] Philippe Rioux (2024, 12 octobre). Guerre en Ukraine : 20 000 petits enfants ukrainiens déportés en Russie… le drame des enfants arrachés à leur famille. La Dépêche,
- [2] USAID (2024, 18 novembre). Ukraine. https://www.usaid.gov/humanitarian-assistance/ukraine
- [3] Julien Bouissou (2024, 14 novembre). Aide au développement : le grand repli européen. Le Monde.